Méditation tibétaine : transformer l’énergie négative en sagesse

Le Tibet est, en termes de chronologie, une terre secondaire de la méditation bouddhiste. En effet, le bouddhisme fut introduit dans ce pays par le grand maître indien Padmasambhava au VIIe après J.-C., où il se heurta des esprits hostiles. Finalement, se développa une méditation indo-tibétaine, mêlant ce nouvel enseignement à la religion préexistante. Ainsi, la méditation tibétaine est un mélange de méditation en pleine conscience, purement bouddhiste, de tantrisme indien et de pratiques travaillant sur l’énergie. Elle n’est pas une finalité en soi, mais un outil pour métamorphoser son esprit et améliorer son quotidien.

Les avantages de la méditation tibétaine

Contrairement à la méditation bouddhiste qui a pour but d’éliminer purement et simplement les émotions négatives et les états mentaux néfastes, celle-ci vise à transformer la peur, la colère, l’insatisfaction, la convoitise ou toute autre pensée négative en énergie bienfaisante, en vertu et en sérénité. Elle permet ainsi d’apprivoiser les émotions délétères qui nous rongent et nous emprisonnent pour les transformer en pensées bienfaisantes et nourrissantes, et ainsi mieux évoluer dans sa vie tout en étant plus ouvert au monde. Une des formes de la méditation tibétaine, le Vajrayâna, signifiant littéralement le véhicule de diamant, est ainsi la voie de la transformation. Elle consiste en effet à devenir un bodhisattva, c’est-à-dire un être promis à l’Eveil ; mais une fois parvenu à ce stade, le méditant n’entre pas dans le nirvana ; son rôle est en effet désormais d’aider ses semblables à se libérer de leur souffrance. Loin d’être individuelle et égocentrée, c’est une démarche de libération collective.

 

Les deux phases de la méditation tibétaine

La méditation tibétaine est certainement celle qui est la plus mise en avant dans les médias et les manuels de méditation, peut-être même sans que les auteurs en aient conscience. Son implantation a commencé en France en 1960, même s’il a fallu attendre 1978 pour voir la création du premier centre, le centre Ganden Ling, à Fontainebleau. D’autres se sont développés par la suite. D’ailleurs, le plus grand monastère bouddhiste tibétain d’Europe se trouve en Auvergne ; il s’agit du Kündreul Ling, fondé en 1984.

 

Loin d’être uniforme comme pourraient le penser les néophytes, il existe en effet de nombreuses configurations de méditation, qui se sont créées au gré de la diffusion du bouddhisme ancien à travers le monde, lorsqu’il s’est transformé en se mélangeant avec des doctrines spirituelles locales, donnant naissance à des traditions et enseignements différents : méditation chinoise, méditation transcendantale (s’appuyant sur un mantra), méditation zen ou Ch’an (médiation assise), méditation taoiste (fondée sur des gestes, pour équilibrer les énergies intérieures), méditation vipassana (apprentissage de l’attention), méditation hébraïque (récitation chantée de psaumes et textes sacrés). La méditation tibétaine fait partie de ces multiples courants. Au sein même de cette école tibétaine, plusieurs lignées se distinguent, menées par différents maîtres, venus ou non du Tibet : Sakyapa, Karma-Kagyü, Nyingmapa, Shambhala, Drukpa-kagyü ou encore Drikung-kagyü.

 

Dans sa forme la plus courante en France, la méditation tibétaine se déroule en deux temps. Tout d’abord, le pratiquant doit apaiser son esprit ; en position du lotus, ou simplement en tailleur, le dos droit, les yeux fermés ou mi-clos, il se concentre sur l’instant présent, sans craindre ni espérer quoi que ce soit. En effet, l’esprit, telle une flamme, doit être paisible et non agitée, pour éclairer parfaitement une pièce ; si elle tremble dans tous les sens, la vision sera trouble et parcellaire. Une fois que les pensées importunes perdent de leur emprise sur son esprit, il peut se concentrer sur sa respiration, en unissant son esprit avec le rythme de son souffle.

 

Puis intervient la seconde phase, qui constitue la spécificité de la meditation tibetaine : l’analyse, destinée à transformer les pensées négatives. Le méditant se rappelle une attitude négative qu’il a pu avoir : moment de panique, colère, impulsivité, méchanceté à l’égard d’une personne… Il s’agit alors de revivre l’événement, mais en l’observant comme un spectateur externe, pour décortiquer les mécanismes qui ont été à sa base. Pour terminer, le méditant réinvente la scène, telle qu’elle aurait dû, dans l’idéal, se dérouler.

Cela permet de montrer qu’une autre voie était possible, en partant de postulats, de pensées différentes, en prenant le temps de mieux réfléchir aux implications de l’événement. Bien évidemment, le méditant gardera ce second scénario à l’esprit, pour le convoquer lorsqu’il sera placé dans une situation similaire, et ne pas commettre les mêmes erreurs.

 

Accéder au calme mental par la méditation tibétaine.

Comment parvenir à pratique cette dissociation dans les meilleures conditions ? Pour accéder au calme nécessaire, voici quelques préalables à respecter : s’installer dans un endroit simple, non surchargé ni encombré ; porter des vêtements eux aussi sans fioritures superflues ; ne pas être parasité par des besoins tels que la soif, la faim, l’envie de dormir. Lors de la méditation elle-même, il n’est pas nécessaire de réfléchir longuement à la situation que l’on examinera ; le méditant prendra la première qui se présentera à son esprit.

 

Si vous-mêmes être parvenu à prendre du recul face à des événements pénibles grâce à cette technique tibétaine, faites-nous partager votre expérience.

 

crédit photo : https://www.youtube.com/watch?v=i5MIlVtDXsg
légende photo : Méditation tibétaine